Eclairage photo studio: quel matériel choisir
Il y a de très nombreuses solutions pour générer de la lumière de studio. Différents aspects sont importants à comprendre :
- les sources de lumière
- la modification de cette lumière: par diffuseurs, réflecteurs, gélatines
- la position de ces lumières : voir mon article comment placer un éclairage studio
Dans cet article-ci, j’essaie de couvrir le premier aspect, à savoir quelles sont les sources de lumière possibles et leur avantages et inconvénients. La combinaison des sources de lumière et des modificateurs nous donnera ensuite le type de lumière réel utilisé pour la photo, à savoir lumière douce ou dure, la couleur (température) de la lumière, également la taille de la lumière par rapport au sujet.
Les sources de lumière : Quelle lumière pour un studio photo ?
Pour comprendre les solutions possibles en lumière de studio, il faut d’abord distinguer flash ou lumière continue. Puis dans chacune de ces options, il y a différentes solutions très différentes en termes de portabilité, prix, qualité de lumière, et puissance. On a donc:
- Les flashes, aussi appelé lumière stroboscopique, qui donnent un éclair de lumière. Il y a trois catégories de flashes:
- le flash cobra (en anglais: speedlight ou flash gun), c’est le flash portable qu’on peut monter sur la griffe de l’appareil photo
- le flash de studio (en anglais: strobes), qui peut être soit monobloc soit une partie lampe et un générateur, mais toujours connecté au secteur
- le flash sur batterie, assez récent, c’est une solution hybride entre le flash cobra et le flash de studio, très utile en reportage, mais très cher.
- Les éclairages continus
- Hallogènes, sur secteur
- LED, sur secteur ou sur batterie.
Voyons ces options en détail.
Le flash cobra (en anglais: speedlight)
On parle ici du flash cobra qui peut être placé sur le sabot / la griffe de l’appareil photo ou utilisé à distance (en déporté) sans fil sur un trépied, et qui fonctionne en général sur piles AA.
Le véritable avantage de ces flashs est qu’ils sont moins coûteux et beaucoup plus portables. Ils sont légers et compacts, faciles à glisser dans votre sac d’appareil-photo et disponibles chaque fois que nécessaire.
L’inconvénient très simple est qu’ils ne sont pas aussi puissants qu’un flash de studio. Un flash de studio peut en général procurer au moins le double de la lumière d’un flash sur piles. De plus, le temps de recyclage d’un flash portable est plus long, ce qui signifie que vous devez souvent attendre entre 1,5 et 5 secondes entre chaque photo lorsque le flash est utilisé à pleine puissance.
Pour comparer les puissances de flash, on utilise en général les W.s, Watts-seconde; qui sont en fait une mesure d’énergie ( 1 Watt-seconde c’est la même chose que 1 Joule, mais en photographie on utilise traditionnellement le W.s). Bref, les flashs cobra sont de l’ordre du 55 W.s pour le SB-600 à environ 75 W.s pour le plus puissant de Nikon, le SB-900. Les flashs de studio commencent à 300 W.s comme on verra ci-dessous.
Malgré leur faible puissance, on peut déjà faire beaucoup de choses avec un flash portable. Ces flashs sont versatiles. Ils ont un angle de lumière très défini, plus défini qu’une lampe de studio. Ils peuvent être utilisés avec plusieurs modificateurs de lumières tels que les boîtes à lumière (softbox), des parasols et des gels, ou réflecteurs. Ils peuvent aussi être réfléchis sur de grandes surfaces (murs blancs, plafonds) et même groupés pour créer de plus grandes sources de lumière. De nombreux flashs ont intégré la technologie Through-The-Lens (TTL) qui permet à l’appareil photo de régler automatiquement la puissance de sortie du flash. Leur puissance plus faible est compensée par le fait que les appareils photos permettent de monter de plus en plus haut en ISO sans perte de qualité. Ces flashs sont donc une bonne entrée en matière pour commencer à faire du portrait sans investir dans du « gros matériel », et en gardant une solution multi-usages.
- La solution la moins chère est le flash sans TTL, il faut donc faire le réglage de l’intensité manuelle par soi-même, mais si on travaille en studio avec des réglages répétitifs c’est jouable. Comme ces flashs sont bon marché, on peut directement en avoir plusieurs.
- Par exemple le Yongnuo YN560-III qui est autour de 70 euros
- Les flashs avec TTL (réglage automatique de l’intensité lumineuse), pour lesquels il faut compter environ 300 euros pour avoir un flash correct neuf, par exemple
- On peut tout à fait envisager la seconde main pour ces flashs TTL, mais je recommande de passer par un magasin intermédiaire qui les vérifie.
Le flash de studio
Bien que ça soit les traditionnels « flashs de studio », on n’est pas obligé d’utiliser ceux-là .
Dans le monobloc, le générateur et la source de lumière sont dans le même bloc (d’où le nom monobloc) contrairement aux flashs de studio avec (gros) générateur externe décrits juste après. Malgré tout, ils nécessitent une alimentation secteur pour fonctionner! Cette exigence d’alimentation est aussi ce qui les rend capable de entre 300 W.s et 1200 W.s en sortie. Ils sont donc plus puissants que les petits flashs mais sont beaucoup moins portables et limités par cette question d’alimentation. On peut facilement leur adapter des modificateurs de lumière, et ils peuvent en général fonctionner en esclaves de l’appareil photo en déporté. De par leur poids, les monoblocs sont des bonnes solutions pour les photographes en déplacement qui veulent installer un studio, en tout cas s’ils ont accès à une prise électrique. ils peuvent être placés partout dans de grands ensembles.
- Le flash de studio avec générateur externe
L’option la plus puissante, mais la moins portable de toutes, c’est le flash de studio avec générateur séparé. Contrairement aux monoblocs, le générateur est séparé de la tête de lumière et se trouve dans une boite posée sur le sol. La puissance de sortie sera plus haute, généralement entre 1200
et 4800 W.s . Ils sont rarement utilisés par les photographes de studio aujourd’hui, on les trouvera plutôt sur des grosses productions. Ils permettes un contrôle intégral sur la lumière et beaucoup de puissance. Le générateur doit être connecté à une alimentation de secteur. Chaque flash est également relié par un câble au générateur, ce qui peut limiter les positions.
Le flash de studio avec batterie externe, ou torche flash autonome /portable / portatif
Une solution est apparue récemment, hybride entre flash de studio et flash cobra: le flash avec batterie externe, sans besoin de se connecter à une prise électrique donc. On a donc une solution portable, même si plus encombrante que le flash cobra, mais avec une puissance beaucoup plus proche d’un flash de studio monobloc : on est vers les 250 W.s, alors qu’on a vu que le monobloc couvre de 300 W.s à 1200 W.s. On a donc également plus de possibilité de moduler la lumière qu’avec le cobra (au plus de puissance, au plus de liberté sur la modulation de lumière). Le flash sur batterie externe est idéal pour des situations de « studio en extérieur » sans prise, par exemple dans les bois, la rue, ou pour installer rapidement un studio photo n’importe où pendant un reportage, par exemple un studio portrait durant une réception de mariage.
Mais soyons clair, c’est méga cher. On parle ici d’un investissement d’environ 1800 euros pour un kit avec 1 lampe et 2500 euros pour un kit avec deux lampes.
Un exemple de flash sur batterie est le Profoto B2 250 Air TTL , un kit compact de 250 W.s avec deux flashs et 1,35 secondes de recyclage à pleine puissance. Il peut également « bloquer l’action » (faire des photos de mouvement « gelé ») puisqu’il permet des flashs des durées aussi courtes que 1/1,500 sec . Il peut envoyer jusqu’à 215 flashs pleine puissance sur une batterie complètement chargée.
La lumière continue : projecteurs hallogènes et panneaux LED
Il existe deux types d’éclairage continu : Hallogènes et LED.
Traditionnellement la photographie a toujours utilisé les flashs. Une des raisons était que les ampoules au tungstène consommaient beaucoup, étaient chères, et qu’un flash permettait de générer une lumière plus belle (comprendre: plus blanche et plus directionnelle) et à plus grande puissance. Mais avec l’arrivée des hallogènes basse consommation et des LEDs, des solutions alternatives d’éclairage continu à plein spectre (c’est-à-dire qu’ils sont capables de reproduire une lumière blanche) entrent sur le marché qui peuvent s’avérer très intéressantes.
Les avantages:
- Les kits hallogènes sont comparativement très abordables à l’achat par rapport aux kits d’éclairages flash. Par contre ils ne sont pas forcément plus rentables dans le temps vu la consommation continue d’électricité, à voir.
- La lumière continue est indispensable si on fait de la vidéo et pas seulement de la photo
- On voit directement le résultat final de la lumière, contrairement au flash. On peut régler les niveaux de lumière et la scène directement, sans devoir répéter les réglages après chaque photo, c’est donc plus facile d’ajuster votre éclairage rapidement. Ce type d’éclairage est donc tentant pour les débutants car il permet de manipuler votre lumière plus « manuellement ».
Les inconvénients, parce qu’ils sont toujours importants:
- La puissance lumineuse est plus faible que les flashes de studio. Dès lors la lumière au moment de la photo est plus faible, et demande des temps de pose plus longs, des ouvertures plus grandes, des ISOs plus élevés. On peut malgré tout faire beaucoup de choses. L’éclairage continu est principalement utile en photographie de portrait studio posé, de produit ou photographie de nature morte (bref, quand le sujet est immobile et qu’on ne doit pas immobiliser un mouvement). En achetant le kit il faut s’assurer que la puissance est suffisante pour l’utilisation qu’on veut en faire. Attention : la puissance des flashs en W.s n’est pas directement comparable à la puissance annoncée en Watts des lumières continues. Je n’utilise pas de chiffres ici pour les lumières continues, il faudra revenir sur ce sujet dans un autre article.
- Par rapport au flash, les éclairages continus ont une couleur un peu ou beaucoup plus chaude, ce qui peut donner des résultats moins convaincants, être plus difficile à gérer au niveau balance des blancs. Il faut s’assurer que la lumière produite est annoncée « lumière du jour » à 5500K. Il faut éventuellement utiliser des gels pour modifier la couleur. En particulier les LED blanches sont plus difficiles à produire que les LEDs de couleur et un « vrai blanc » est difficile à obtenir pour les fabricants, dès lors les panneaux LED de taille studio à lumière blanche ne sont pas bon marché.
- Par nature les LEDs et hallogènes donnent une lumière moins directionnelle et déjà plus diffusée que les flashs. Dès lors, la lumière continue est un peu plus difficile à contrôler, moduler et modifier que la lumière flash; qui elle prend très bien tout type de diffuseur et réflecteur.
- L’hallogène, bien qu’utilisant aujourd’hui des ampoules de basse consommation, consomme toujours beaucoup et chauffe. Il faut être prudent de ne pas se brûler, et la chaleur peut même gêner le modèle lors de séances portraits . Le LED consomme très peu et ne surchauffe pas du tout.
Un exemple de kit hallogène bon marché
à 138 euros, avec trois softbox :
Un exemple de panneau LED Yongnuo
Les modeleurs de lumière (light modifiers)
La lumière générée par les flash et spots est rarement utilisée telle quelle. On la module et la modifie avec des accessoires, pour la dirigier et la diffuser, c’est-à-dire la rendre plus uniforme, douce, ou on contraire la centrer et la rendre plus dure. On peut aussi changer sa couleur. Ca fera l’objet d’un autre article, mais je liste déjà ici différentes options. Les accessoires suivants diffusent la lumière:
- Les parapluies diffuseurs ou réflecteurs (en anglais: umbrella)
- Les « boîtes à lumière » (en anglais: softbox)
- Les bols beauté (en anglais: beauty dish)
- Les grilles nids d’abeille (en anglais: honeycomb grid)
On peut aussi diffuser la lumière avec des réflecteurs, qui permettent également de changer la température de la lumière. On peut également changer la couleur de la lumière avec l’utilisation de gelatines à la source.
En résumé…
- Les sources de lumière se distinguent par leur puissance, leur portabilité (secteur ou batterie, poids), leur temps de récupération, par leur prix, et un peu leur couleur de lumière.
- L’optimum pour avoir le contrôle complet de la lumière c’est une lumière de studio puissante, soit sur générateur soit en monobloc, mais on a besoin d’une prise d’alimentation, et c’est un investissement en prix
- Les flashs cobra sont les moins chers, les plus maniables, et portables, mais ont une puissance beaucoup plus limitée et un temps de récupération beaucoup plus important.
- Une nouvelle solution est apparue récemment, le flash sur batterie externe, qui permet d’avoir une puissance entre le cobra et le flash studio tout en étant portable et sans besoin de prise d’alimentation pour 250 déclenchements
- La lumière continue a un avantage par rapport au prix initial, aux réglages, à l’utilisation en vidéo, mais ne pourra pas couvrir toutes les applications photos et limitera les réglages aux ISOs élevés et temps de pause longs et grandes ouvertures. Une solution mixte peut aussi être envisagée, par exemple éclairer un fond avec un lumière continue et le sujet au flash cobra.
Bonsoir, cela serait intéressant de faire un article sur les modeleurs par rapport à votre autre article qui parle des positions de flash 2, 3 ou 4 sources… Que conseilleriez vous comme keylight, contrejour etc… Je suis occupé de faire des essais de contrejour mais je ne sais pas quoi utilise comme modeleur à l’avant et à l’arrière……. en tous les cas merci pour tous ces articles, je viens de les découvrir et c’est très intéressant!
Bonjour,
Je viens de découvrir avec intérêt vos articles sur l’éclairage de studio.
Très bien faits, clairs, pédagogiques. Merci !