Portrait photo: Péter, le maréchal-ferrant qui ne ferre pas
Depuis quelques temps je m’intéresse aux métiers traditionnels. J’aime prendre en photo les gestes de mains qui fabriquent, créent, ou soignent, et raconter les histoires derrière ces gestes. Cette rencontre-ci s’est faite par hasard, rapidement. J’étais chez un ami dont le cheval recevait justement la visite du maréchal-ferrant. J’avais heureusement mon appareil photo.
Péter est hongrois, il est maréchal ferrant, ou plutôt podologue pour chevaux, car en général il ne ferre pas. Il m’explique que le fer à cheval n’est pas indispensable et sans fer, le cheval gagne en sensibilité, en confort, que le fer peut amener des vibrations et des problèmes d’articulations. Quand il n’y a pas de fer, les sabots des chevaux aux « pieds nus » ont tout de même besoin de soins, on appelle ça le parage. Il vient soigner Bacchus, un bel étalon.
Je me faufile dans le box. Je ne sais pas très bien où me mettre au départ, Bacchus me regarde, se refuse dans un premier temps aux soins, car on est tout à coup à trois dans son espace et il ne comprend pas qui je suis, ce que je fais là avec ce truc noir en mains, mon appareil photo.
Peter me dit d’approcher l’appareil photo et lui laisser sentir. Il le renifle, les naseaux se dilatent, soufflent. Apparement difficile de se faire une opinion sur la boîte de verre et de plastique que je lui tends. Je crains un peu qu’il lèche, mais non… Je me retire doucement, mais Bacchus me regarde toujours hésitant. Peter me dit de m’approcher à nouveau, que les présentations ne sont pas finies. Cette fois ça parait suffisant, il se tourne pour manger son foin, je suis adoptée dans le box et Peter peut commencer à travailler. J’avoue, je n’ai jamais photographié de cheval, bien que j’y voie un monde de possibilités photographiques, de beauté et de tendresse.
Peter est doux et patient, il parle avec amour de son travail. Il utilise des outils qu’il range sur sa jambe, les changements vont vite. Je photographie en 35 mm sur mon full frame, car il y a peu de place, je suis très proche d’eux et j’ai envie de capter en même temps Bacchus et Peter et leur relation. Et Bacchus est immense donc il faut assez de grand angle pour les capter à deux.
Tout va assez vite et j’ai peu de temps pour réfléchir, Péter me parle, mon esprit se distribue entre ses mots passionnants, la réflexion sur la lumière, les réglages de mon appareil, les sensations, la beauté du cheval, les odeurs, essayer de comprendre ce qui se passe, quels sont les éléments qui font le tableau et l’histoire, à quel rythme et comment le capter. Réfléchir à où me placer pour que la situation soit la plus naturelle possible et que j’en sois seulement témoin sans la perturber mais en en faisant toutefois partie, une partie discrète mais en phase avec eux. Je sais que l’idéal c’est d’accompagner sur des périodes beaucoup plus longues, comme je l’avais fait avec les bergers.
J’ai la chance que le box aie une fenêtre qui donne sur l’extérieur. Comme tout a été trop vite je n’ai pas vraiment bien réfléchi à mon réglage, je suis à ISO fixe 1600, c’est pas mal, peut-être un peu haut car j’ouvre beaucoup (de 1.6 à 2.2) et il y a pas mal de lumière. L’appareil est en priorité ouverture. Bien sûr, je ne flashe pas, ça effrayerait Bacchus, et je n’ai pas pris de flash Cobra avec moi. Ce n’est pas non plus le rendu que je cherche ici et la fenêtre me permet de faire sans.
Je sors aussi un peu le 50 mm pour photographier de plus près le travail de Peter, les outils dans ses mains.
Bravo! Super boulot! Photo et humanisme…
Salut François, merci 🙂 j’essaie de reprendre le fil du blog, j’ai quelques essais à poster bientôt, et plusieurs personnes qui me demandent plus de continuité . Comment ça va avec le Yongnuo en wireless ? chouettes expériences ?